Cet article est un extrait retravaillé de ma thèse de doctorat en sociologie. Je présente les biais sexistes dans l’approche démographique de la fécondité en m’appuyant sur des travaux de démographes, de sociologues et d’anthropologues.
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En janvier 2024, le président de la République Emmanuel Macron s’inquiétait de la diminution du nombre de naissances et en appelait au « réarmement démographique » de la France, une formule qui transforme symboliquement les corps des femmes en « armes de guerre » dans une logique conservatrice et nationaliste, d’après I. Cambourakis [1]. Au-delà du discours d’E. Macron et des réactions critiques qu’il a suscité, les chiffres de la fécondité font régulièrement la une des journaux pour s’inquiéter de la baisse de la natalité ou au contraire souligner que la France fait plus d’enfants que ses voisins européens. Si les chiffres de la démographie permettent d’appréhender utilement des caractéristiques de la population, ils sont construits selon certaines conventions et certaines valeurs, comme tous les outils de description et d’interprétation du monde social. En particulier, les analyses féministes ont montré que les outils et les interprétations démographiques, loin d’être neutres, reproduisent une assignation des femmes à la procréation et une invisibilisation des rapports de pouvoir entre hommes et femmes.
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